Le remontage du moulin de Vaudricourt
Le Remontage du Moulin de Vaudricourt
L’Association Monique Teneur Sauvegarde du Patrimoine Rural remonte le moulin de Vaudricourt (Somme) au Musée de Plein Air de Villeneuve d’’Ascq (Hauts-de-France)
Un moulin fonctionnel est un objet vivant, un élément important du patrimoine rural.
Remonter et surtout faire tourner un moulin de nos jours n’est pas banal.
Si autrefois sa silhouette caractérisait les paysages de France, force est de constater que de nos jours, il ne reste que peu de ces témoins qui font partie du patrimoine historique français, au même titre que les églises, châteaux ou villages Les moulins illustrent un potentiel qu’il convient de valoriser plutôt que de détruire.
Un moulin à vent est un élément du paysage facilement susceptible d’attirer le public, son potentiel touristique peut être développé et valorisé : le moulin est objet vivant. Les ailes tournent au vent, les meules écrasent du grain.
Si la stature du bâtiment est en elle-même une œuvre architecturale, c’est surtout son aspect fonctionnel qui est recherché.
L’Association a toujours voulu rendre vivant son Musée. Il sera intégré dans un circuit de découverte, en pleine synergie avec les bâtiments remontés. Le moulin de Vaudricourt s’insère au cœur d’un parcours “de la céréale au pain”.
La synergie sera complète au sein du parcours du pain partant des champs de blé jusqu’au fournil de Hondeghem remonté par l’Association il y a 20 ans. L’objectif est de partager et transmettre le plus et au plus grand nombre sans distinctions. Le patrimoine est une valeur commune, des biens qui appartiennent à tous.
Par son emplacement, le moulin est visible de tous. Les visiteurs du Musée seront aux premières loges pour l’apprécier, jusqu’à goûter le pain fabriqué grâce à sa farine. Ils sont plus de 80000 visiteurs sur sept mois et le Musée a la spécificité d’attirer tous les publics.
Le moulin de Vaudricourt, est en cours de restauration et sera remonté au Musée de Plein Air. Il animera et représentera le Musée, l’action de l’Association et de ses mécènes. Il sera particulièrement valorisé lors des week-ends d’animation.
Histoire
Visible de très loin, puisque situé en plaine, majestueusement autrefois avec ses grandes ailes toilées de vielles voiles marines, il était devenu avec le temps bien délabré et cuirassé de tôles rouillées.Le moulin de Vaudricourt, village de tradition agricole, est un survivant des centaines de moulins du Vimeu, derniers témoins d’une activité jadis très importante. On le dit très ancien, certains affirment qu’il servit de prêche protestante de fortune pour la branche huguenote de la famille de Rambures au XVIIe.
1988 : Une sauvegarde d’urgence
Il est certain que les prochaines tempêtes de l’hiver allaient le détériorer davantage, voir le culbuter et le fracasser. La meilleure solution pour conserver un maximum de pièces était un démontage, autrement il aurait été définitivement perdu. Démontage opéré par l’Association des amis de moulins picards et Monsieur Ludovic Mondouet, conseiller en Arts et traditions populaires à la Jeunesse et sports.
Déjà en 1988, Monsieur Dulphy qui témoignait dans le Courrier Picard terminait son article par ces mots :
« Valait-il mieux que le bâtiment reste et s’écroule à Vaudricourt, ou qu’il parte pour être soigneusement restauré là ou on est prêt à l’accueillir? L’urgence n’accordait plus le temps à la réflexion. L’initiative est heureuse, sans aucun doute, d’autant qu’autrefois, déjà, les moulins était voyageurs. »
L’intérêt de ce moulin avait conduit le CAUE, dans son étude sur le petit patrimoine rural en 1996, à le classer dans les moulins à vent dont la sauvegarde était prioritaire.
Architecture
Le moulin tour de Vaudricourt, dit moulin Marceau se caractérise par son matériau : le bois et sa forme octogonale. Ce type est assez rare et est cantonné dans le nord de la France.
La charpente était protégée de diverses manières : planches horizontales, bardeaux de bois le plus souvent, plus rarement d’ardoises pour la face la plus exposée au vent. Le bois est privilégié dans la construction des moulins à vent, en lien certainement avec la pauvreté des matériaux minéraux. Comme souvent, on construit avec les moyens et matériaux disponibles.
La structure en charpente présentait toutefois un atout indéniable, le moulin à vent garde la possibilité d’être déplacé. Il s’agit donc d’un moulin « sur tour » dont la calotte est tournante. Les deux derniers exemplaires sont ceux de Vaudricourt (démonté) et Citernes (en ruine). La toiture se compose d’un tronc de cône très pentu surmonté d’un second tronc de cône très peu pentu, rappelant le profil des toitures à la Mansart.
Le moulin Marceau a été sauvé de la disparition en 1988 par son démontage. L’édifice n’aurait pu survivre aux prochaines tempêtes. Cuirassé de tôles, ses bois étaient bien conservés à l’abri. Seule la toiture avait subit plus de dégâts. Préservés durant des années, les bois furent minutieusement étudiés par spécialistes et artisans et architectes à la suite de la sollicitation faite à l’Association.
L’Association s’attache à réédifier et non reconstituer et conserver ainsi un maximum des matériaux d’origine en assurant une fonctionnalité et une sécurité pour le moulin. Le remontage est un travail de spécialiste compte tenu du mécanisme spécifique et de la nécessité de trouver la meilleure exposition aux vents dominants.
C’est un outil d’inspiration et d’avenir aux atouts énergétiques, touristiques, économiques et écologiques. Le moulin, témoin de l’histoire technique, sociale et architecturale d’une région est attractif et permet d’aborder une multitude de sujets. En ce qui concerne l’histoire des techniques, l’archéologie industrielle, on y trouve la maîtrise des énergies et les éléments essentiels de la mécanique. Dans les domaines de l’histoire et de la géographie on pourra s’intéresser au cycle du travail qui mène du blé au pain, à la fiscalité de l’ancien Régime.
Ajoutons que le moulin constitue une excellente illustration de ce que peut permettre l’utilisation des énergies renouvelables.