Présentation
Aujourd’hui, et c’est heureux, l’homme n’accorde plus seulement son attention aux témoins glorieux, voire grandioses, du passé. Et s’il se fait désormais un devoir de sauver la plus
modeste marque d’antan, c’est que celle-ci représente le témoignage vibrant d’un monde où nos “anciens” vivaient spontanément dans un équilibre entre nature et civilisation.
Ce revirement, cette prise de conscience, Monique Teneur les avait bien compris et anticipés quand elle s’est lancée au début des années 1990 dans la création ex nihilo du Musée de Plein Air, avec un bataillon de militants. Bravant les hésitations et contournant les obstacles avec la foi inébranlable des passionnés, elle a fait ressurgir ce mal nommé “petit patrimoine” issu de nos campagnes, témoin de l’histoire d’un grand nombre de nos concitoyens.
Ce patrimoine est devenu fragile, vulnérable et même trop souvent menacé de disparition. Le protéger n’est plus une option mais une ardente obligation pour l’avenir.
Parallèlement à l’engagement inlassable de centaines d’associations locales et l’action d’autant de communes rurales pour en sauvegarder l’authenticité, l’Association Monique Teneur apporte une contribution originale et complémentaire à la réhabilitation et à la mise en valeur de bâtiments agricoles remarquables, à la redécouverte de métiers abandonnés, à la protection de la faune et de la flore. Elle témoigne ainsi auprès d’un public nouveau de ce qu’étaient la singularité et la vitalité de nos campagnes.
Beaucoup reste à faire pour élargir la collection déjà exposée, mettre en exergue la diversité et les multiples facettes du patrimoine rural de notre région.
Le Conseil d’Administration de notre association sait qu’il peut compter sur le concours des grandes collectivités territoriales et sur l’engagement désintéressé et décisif de mécènes, que je veux remercier chaleureusement, pour mener à bien ses projets. Au-delà, il apprécie de se sentir épaulé par des adhérents de plus en plus nombreux.
Car il mesure parfaitement que c’est d’abord l’humain qui a essentiellement fondé et forgé son histoire
Alain DIEVAL Président de l’Association Monique Teneur
Ne comptez pas sur nous pour vous révéler la vie de Monique Teneur. Les fées aiment avoir leurs secrets.
Sachez seulement que cette femme discrète, mais déterminée, a été un temps directrice du Comité départemental du tourisme du Nord.
C’est de là, probablement, que lui est venue cette passion pour notre patrimoine régional, « riche d’une multitude de trésors ignorés », consciente que « ce trait d’union entre notre passé et notre avenir » était fragile et menacé dans l’indifférence générale. Inspirée par sa découverte du musée de plein air de Skansen (Suède) créé en 1892, elle décide de fonder l’Association de sauvegarde du patrimoine rural et des métiers traditionnels des régions Nord en 1983.
Après une première phase de sensibilisation auprès de nombreux interlocuteurs, l’association passe à l’action concrète, à savoir : sauver les témoins ethnologiques qui ne peuvent être restaurés in situ, créer un musée de plein air qui soit à la fois un lieu de mémoire vivant, un espace de transmission ludique et pédagogique de notre ruralité et une redécouverte des objets du passé, des matériels anciens et des métiers qui s’effacent peu à peu dans la nuit des temps.
En 1985, l’association apprend qu’une maison agricole est menacée de destruction. Située à Killem-Lynde, elle est frappée d’alignement à cause d’une route qui doit être élargie. Le musée n’est encore qu’un beau projet, il reste tant de monde à convaincre, à réunir, le terrain à trouver… peu importe, notre fée était capable de miracle quand il y avait péril en la demeure ! Pour ce premier sauvetage, l’association sera amplement épaulée et conseillée par Marc Laenen, directeur du Musée de plein air de Bokrijk (Belgique). Les laboratoires Schering acceptent d’être les mécènes de cette ancienne épicerie-herboristerie qui est démontée en huit jours seulement. Et tous ses éléments sont entreposés dans une briqueterie désaffectée à Herzeele. D’autres bâtiments seront sauvegardés avant que la Communauté Urbaine de Lille ne mette à disposition de l’association un terrain de 17 hectares sur Villeneuve d’Ascq. L’aventure du Musée de Plein Air musée est lancée !
Il sera officiellement ouvert au public en 2007. Hélas, sa bonne fée ne pourra pas se pencher longtemps sur son berceau puisqu’elle rejoindra les étoiles l’année suivante
Pour exister, convaincre, grandir, s’affirmer, s’épanouir, l’association Monique Teneur a dû fédérer de nombreuses personnes venues de tous bords.
Les membres fondateurs, ce premier cercle de passionnés qui impulsa la dynamique, mit ses compétences variées, son intelligence et son enthousiasme au service du projet. Certains d’entre eux facilitèrent grandement les contacts avec les élus, les institutions, les administrations, les entreprises. Citons Bruno Bonduelle, premier Président de l’association jusque2008, dont l’action fut déterminante à plus d’un titre.
Les bénévoles, sans qui rien n’eût été possible. Ils ont nettoyé le futur site du musée, planté les arbres, aménagé et façonné les espaces et ils continuent aujourd’hui. Ils réalisent le tri et l’inventaire des nombreux objets anciens reçus par l’association chaque année. Ils proposent des sorties pour découvrir les richesses culturelles régionales que nous ignorons trop souvent. Ces escapades créent de véritables liens, permettent de dénicher des projets, de répondre à des problèmes in situ.
Il faut souligner l’engagement des collectivités de notre région tels la commune de Villeneuve d’Ascq, la Métropole Européenne de Lille, le département du Nord et, bien sûr, la région Hauts-de-France. Les adhérents, dont le soutien fidèle est gage de notre longévité et qui donnent du sens à toutes nos actions
N’oublions pas les mécènes qui financent le démontage, la restauration, le remontage des bâtiments et la recomposition de leur milieu naturel. Tout en s’impliquant sur le territoire local, chaque mécène contribue à la renommée du musée et assure sa promotion dans son propre cercle.
Notre association n’œuvre pas en solitaire mais en solidaire. Elle a toujours eu l’envie de partager son expérience, ses connaissances, ses compétences. Contribuer à la sauvegarde du patrimoine rural à l’échelle régionale, aider les passionnés parfois démunis face à l’ampleur des tâches, créer un réseau d’associations, d’élus, d’artisans, d’apprenants fait partie de sa fondamentale raison d’être. Cette communauté d’acteurs qui partagent, coréfléchissent et co-agissent, ouvre le champ des solutions pour sensibiliser toutes les opinions, sauver ce qui peut l’être encore et penser aux futures façons d’exploiter les savoir-faire et les matériaux traditionnels dans la construction actuelle
Nous avons presque tous eu “une grand-mère” qui vivait à la campagne. Sauver les bâtiments ruraux qui menacent de disparaître du paysage et de nos mémoires, c’est sauver nos racines profondes. Mais cela ne se fait pas d’un coup de baguette magique, même quand on est une fée ! Chaque projet fait l’objet d’une phase de diagnostic pour évaluer sa viabilité. Il faut ensuite rechercher un ou plusieurs mécènes, déposer un dossier administratif, écrire une monographie abondamment illustrée afin de conserver le souvenir du lieu et des murs. Il faut ensuite démonter le bâti en numérotant soigneusement chaque partie puis restaurer ou recréer à l’identique les éléments abîmés, remonter enfin le bâtiment et reconstituer l’environnement paysager qui témoigne de sa provenance. Cela implique de travailler avec des architectes du patrimoine, des historiens, des paysagistes, des jardiniers, des artisans aux savoir-faire parfois rares ou qui ont développé des connaissances techniques et architecturales oubliées. Sans oublier les militaires du 43e RI de Lille et les Scouts de France qui ont participé à de nombreux sauvetages
Mais l’histoire de cette association ne serait pas aussi belle si elle n’était également généreuse.
Des stages de réinsertion sociale et de formation professionnelle, menés avec l’association FCP (Formation, culture § prévention), permettent à de nombreux jeunes de découvrir les métiers du bâtiment et l’entretien de l’environnement du musée (jardinage, taille des arbres, soins aux animaux de la ferme). Des stages ouvriers sont ouverts aux étudiants, notamment en architecture, qui se confrontent ainsi aux techniques traditionnelles. Plus de 5 000 personnes ont déjà bénéficié de ces stages de réorientation ou de formation. Des stages de découverte sont également ouverts aux scolaires, des stages d’initiation réservés aux adultes. Autant de savoir-faire proposés aussi aux élus, aux associations, aux particuliers
désireux de restaurer un patrimoine rural in situ. Les grandes actions ne valent que si elles sont partagée
Conception & rédaction Jean Louis Fontaine, Alain Mahieu, Jean Yves Poher, Thibaut Santer, Alain Squadrelli
L’Association milite à la sauvegarde du patrimoine rural des régions Nord et des métiers traditionnels. Elle s’inscrit dans une dynamique européenne, on compte surtout à l’étranger de nombreux Musée de Plein Air. La nécessité culturelle de tels lieux est réelle.
Même si ces musées ethnologiques existent depuis longtemps dans d’autres pays (le premier, à Stockholm, a plus de 100 ans et regroupe aujourd’hui 140 bâtiments), le mouvement de sauvegarde du patrimoine rural français débute seulement à la fin des années 70 à l’initiative principalement d’associations.
Un Musée de Plein Air est destiné à sensibiliser, de manière authentique, ludique et pédagogique, au patrimoine régional et à sa sauvegarde. C’est aussi un lieu de rencontres, de recherches et de formations pour tous les acteurs de la construction. Conservatoire des savoir-faire, son environnement et ses animations en font des espaces vivants de tourisme et de culture.
Impact sur le territoire
« Si le Patrimoine des villes est relativement bien protégé, le monde rural est souvent délaissé et perd bon nombre de ses bâtiments, pourtant témoins ethnologiques de premier ordre. Le patrimoine bâti vernaculaire est important car il est l’expression fondamentale de la culture d’une collectivité, de ses relations avec son territoire et, en même temps, l’expression de la diversité culturelle du monde.
L’Association se positionne comme un des acteurs du développement régional, soucieux d’étendre le rayonnement de la région à travers ses actions de préservation et de valorisation du Patrimoine.
En réunissant au sein du Musée de Plein Air de Villeneuve d’Ascq des exemples caractéristiques d’architectures rurales vernaculaires, afin de les faire découvrir au plus grand nombre de visiteurs, notamment les scolaires, familles et publics éloignés de l’offre culturelle, elle contribue à la promotion du patrimoine rural et de l’offre culturelle régionale.
Ce site est l’occasion unique au Nord de Paris de représenter la diversité du monde rural des Hauts de France et d’attirer toute la saison les visiteurs avec des événements et animations régulières. Le choix de s’implanter au cœur de la Métropole de Lille est une volonté affirmée de mettre au centre et aux contacts d’un maximum d’acteurs les représentations et considérations du monde rural. »
Histoire
1983 | Création de l’Association à l’instigation de Monique Teneur et d’une équipe de passionnés présidés par Bruno Bonduelle |
1985 | Démontage de la chaumière de Killem-Lynde et naissance de l’idée d’un Musée de Plein Air pour la région Nord-Pas-de-Calais |
1990 | Gérard Caudron, Maire de Villeneuve d’Ascq et Pierre Mauroy, Président de Lille Métropole Communauté Urbaine (LMCU) concèdent un terrain de 15 ha de la Communauté Urbaine au 143 rue Colbert à Villeneuve d’Ascq |
1990/2004 | Aménagement du futur Musée de Plein Air par l’Association Monique Teneur, Sauvegarde du Patrimoine Rural |
2005/2007 | Nov. 2005 : rétrocession du site à le LMCU, en vue de son ouverture au public 2005-2007 : mise en conformité du site et poursuite des aménagements 2 juin 2007 : inauguration du Musée par Pierre Mauroy |
2011/2015 | 2011/2012 : Remontage du pigeonnier de Frethun 2012/2013 : remontage de l’étable d’Aumale Avril 2015 : inauguration de la bergerie de Rue |
2019 | Inauguration du moulin de Vaudricourt |